• Aubenas entre dans l’âge du contrôle total

    Lu sur Rebellyon

    La ville d’Aubenas en Ardèche vient de s’équiper d’un réseau de caméras de surveillance. Ce fait représente un événement majeur de l’histoire moderne du Sud-Ardèche. La plus grande ville du Bas-Vivarais entre de plain pied dans l’âge du contrôle total. Elle risque bien d’être suivie par d’autres.

    Voici un enregistrement de la radio Fréquence 7 d’Aubenas du 20 février 2009 sur les caméras de surveillance à Aubenas. Il nous semble bien rendre l’émotion qui nous étreint à l’idée d’être regardé par des machines en permanence quand nous nous promenons dans notre ville :

    Cette ville, nous la côtoyons depuis notre enfance. Nous y avons flâné, flirté, ri, pleuré. C’est notre ville. Que les institutions se permettent une fois de plus de rentrer dans notre vie est insupportable, qu’elles se permettent une fois de plus d’occuper la rue comme si elle était leur est inadmissible.

    Les institutions n’ont pas fait Aubenas, elles n’ont aucune légitimité. Elles ne tiennent les rennes de cette ville que par la vilénie et la violence du pouvoir central qui a confisqué dès la fin du Moyen Âge, c’est-à-dire récemment, la capacité collective de décision au profit d’une oligarchie[1] locale sur laquelle il s’est toujours appuyé pour nous traiter en bétail.

    Cette histoire de la confiscation de la démocratie communale par le pouvoir central est désormais oubliée de la plupart d’entre nous. Mais pas de tous ! [2] Certains connaissent cette histoire et ceci rend d’autant plus insupportable la décision de la commune d’Aubenas de filmer la population.

    Exigeons le retrait de ces caméras ! Soyons entêtés, mettons-nous y pour des années, ne relâchons la pression qu’une fois les caméras retirées !

    [1] Une oligarchie est le régime politique dans lequel une minorité domine la majorité et dans lequel la population vote pour des représentants. Cf. ARISTOTE, Les politiques, IV, 9, 1294b4. Voir aussi Alexis de Toqueville, L’ancien régime et la révolution, Paris, Flammarion, 1988, p.140 : "Au XVIIIe siècle le gouvernement municipal des villes avait donc dégénéré partout en une petite oligarchie. Quelques familles y conduisaient toutes les affaires dans des vues particulières, loin de l’œil du public et sans être responsables envers lui […]." Rien à voir avec la situation actuelle, n’est-ce pas ?…

    [2] Pour ceux qui veulent retrouver la mémoire, lire : Alexis de Toqueville, L’ancien régime et la révolution. Pour ceux qui s’y collent, ne ratez pas les notes de Toqueville, particulièrement importantes.


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